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Le chevalier Sans cœur et sans rancœur, héros de l'Avent de cette année.

C’était une douce soirée de l’Avent où nous dégustions quelques petits gâteaux parfumés après avoir chanté nos mélodies de Noël préférées en regardant scintiller la flamme des bougies. Nous étions si heureux que nos cœurs semblaient prêts à déborder. Nous évoquions tous ceux que nous aimions, tous ceux que nous étions prêts à aimer et comment nous pourrions faire pour partager utilement tout notre amour autour de nous.  La flamme des bougies se mit tout à coup à vaciller et une ombre se faufila .

Vous l’avez deviné : notre vieille amie nous avait rejoints !  Vous savez, la femme sans âge du pays de n’importe où, qui raconte des histoires de n’importe quoi et qui rend visite, les nuits sans lune, à n’importe qui pour raconter des histoires si étonnantes que l’on ne peut s’empêcher de les écouter et … d’y croire.

- Mes chers amis ! Quelle bonne atmosphère règne chez vous ! Tant d’amour à distribuer !  Mais, mais… il n’en est pas toujours pareil partout ! Je me souviens dans la lointaine histoire du pays de n’importe où , qu’un brave chevalier a vécu bien des déboires à ce propos.  On l’appelait le chevalier Sans cœur et sans rancœur…

Le chevalier Sans cœur et sans rancœur était le fils du très beau couple formé par le roi et la reine Atout cœur, descendants d’une longue lignée de souverains très riches et très généreux. Ils habitaient un magnifique château dont le domaine était ouvert de toutes parts afin que chacun, humble ou puissant, puisse profiter des beautés du palais, de ses jardins et de ses bois. Des fêtes étaient organisées où tous étaient invités et des banquets étaient régulièrement ouverts aux invités d’honneur comme aux sujets du royaume d’Atout cœur. De sorte que, depuis des temps immémoriaux, le pays vivait dans une grande sérénité et une paix sans limite.

Notre chevalier Sans cœur et sans rancœur grandit ainsi dans une harmonie et un bonheur parfaits, étudiant sans effort les lettres, les sciences , les arts et l’équitation. La vie lui souriait et il souriait à la vie, au soleil et à tous ceux qu’il croisait dans le palais et dans les jardins, rois, reines, ambassadeurs, savants, artistes, artisans, commerçants, paysans ou vagabonds de passage. Héritier de la longue tradition des Atout cœur, il aimait chaque personne quel que soit sont titre et s’intéressait sincèrement à chacune de leurs activités. Le cœur était pour lui, comme pour ses parents et ses ancêtres un atout majeur.

L’extrême générosité des Atout cœur finit par attirer un personnage bien peu sympathique, le seigneur Jaloux de tout. Il venait d’une lointaine contrée et envahissait peu à peu tous les royaumes sur son chemin. Le seigneur Jaloux de tout était un homme exclusif, ombrageux, possessif et soupçonneux. Il ne pensait qu’à  accaparer tout ce que possédaient les autres : amitié, amour, richesses, territoires et le réalisait sans peine car il avait reçu d’une fée maléfique une petite amulette qui lui procurait le pouvoir de concrétiser toutes ses envies.
Ayant entendu parler de la magnificence du royaume d’Atout cœur, le seigneur Jaloux de tout décida de vérifier par lui-même si cette renommée était justifiée. Il entra ainsi par un beau jour d’été dans les jardins, accompagné de toute sa cour. 
Aussitôt, selon la coutume des Atout cœur, il fut accueilli cordialement, invité avec toute sa compagnie à déjeuner et à dormir au palais.  Jamais le seigneur Jaloux de tout n’avait connu une telle richesse et une telle chaleur humaine. Il en fut tout troublé . Il s’installa joyeusement et décida de séjourner le plus longtemps possible dans ce merveilleux palais, ô combien plus confortable que le sien.

La vie au château des Atout cœur était si allègre et radieuse que le seigneur Jaloux du tout sembla gagné par l’ambiance . Il goûtait à tous les délices qui lui étaient offerts, profitant de toutes les richesses comme si elles étaient siennes au point qu’il devint aimable et se prit même à sourire. Le roi et la reine devinrent de grands amis avec lesquels il échangeait confidences et plaisanteries. Sa cour se déployait allègrement parmi tous les autres invités du château , trouvant avec chacun le sujet de conversation idéal, mis à part les villageois dont les préoccupations semblaient bien triviales.

Les enfants jouaient, dansaient et s’amusaient ensemble. Même la petite Jal’, fille du seigneur Jaloux de tout riait à gorge déployée, elle qui était habituellement si tristement silencieuse . Elle regardait avec admiration le fils du roi et de la reine, émerveillée par sa bienveillance et l’étendue de ses connaissances. Peu à peu elle s’en fit un grand frère avec lequel elle s’adonnait à des facéties comme taper du plat de la main sur l’eau d’une vasque pour l’éclabousser. Et notre futur chevalier sans cœur et sans rancœur riait de bon cœur, plein de tendresse pour l’enfant.

Le séjour du seigneur Jaloux de tout s’allongeait de jours en jours et tous trouvaient du bonheur à vivre ensemble.

Mais, un beau jour, ou plutôt un triste jour, le seigneur Jaloux de tout eut envie de contempler son amulette, un bijoux très précieux. Il ouvrit la cassette qui la contenait et la saisit pour la caresser. Son terrible caractère d’homme exclusif, ombrageux, possessif et soupçonneux remonta subitement. Une bouffée de chaleur le fit rougir et il songea : « Comme il est agréable de vivre ici ! Je n’ai plus envie de revenir sur mes terres et suis maintenant bien installé ici avec ma cour. Si nous y vivions seuls, nous pourrions mieux prendre nos aises ! Nous sommes plus nombreux que la famille des Atout cœur . Je vais leur demander plus de place. Ils sont si bons qu’ils ne sauront dire non ! »

Il caressa son amulette qui se mit à scintiller de mille feux et il sut qu’il obtiendrait ce qu’il avait décidé. Il eut un horrible rictus de satisfaction.

Le lendemain, sans bien comprendre pourquoi ni comment, toute la maisonnée des Atout cœur se retrouvait logée dans les combles du château tandis que le seigneur Jaloux de tout et sa cour se pavanaient dans les appartements et les salons d’apparat .

Les Atout cœur, si généreux, se dirent que la situation n’était que provisoire et que leur fortune leur permettrait aisément d’ajouter une aile au palais pour retrouver leur confort et ils commandèrent des travaux somptueux.
En attendant ils continuaient à recevoir dans leur domaine leurs habituels visiteurs et à organiser de grands banquets. Ils étaient tant aimés que le royaume gardait toute sa la sérénité et sa paix.
Le jeune Atout cœur continuait à étudier et progresser dans tous les domaines et la petite Jal’ l’admirait de plus en plus .
Mais... un beau jour, ou plutôt un triste jour, le seigneur Jaloux de tout eut de nouveau envie de contempler son amulette. Tout en la caressant, il songea : « C’est bien agaçant à la fin de ne passer qu’en second plan après les Atout cœur ! Ils m’écrasent de leur fortune ! Puisqu’ils sont si généreux, ils devraient partager avec moi leurs biens ! » Il caressa son amulette qui se mit à scintiller de mille feux et il sut qu’il obtiendrait ce qu’il avait décidé. Il eut un horrible rictus de satisfaction.
Le lendemain, sans bien comprendre pourquoi ni comment, le roi et la reine Atout cœur faisaient venir le notaire pour léguer leur fortune au seigneur Jaloux de tout.

La vie des Atout cœur devint très difficile. Dépouillés de leur fortune, ils durent arrêter les travaux d’agrandissement et se restreindre définitivement à leur soupente. Ils durent aussi renoncer à offrir de grands banquets à tous leurs convives habituels, désolés de voir que le seigneur Jaloux de tout festoyait grâce à leurs biens sans inviter personne d’autre que sa cour. Le roi et le reine Atout cœur et leur fils bien aimé étaient même laissés de côté. Comprenant qu’ils avaient été l’objet d’une manœuvre maléfique, les Atout cœur devinrent très tristes et cherchaient le moyen d’être libérés de ce sort. 
Rebutés par la tristesse du roi et de la reine et déçus de ne plus pouvoir profiter des délices des lieux, la plupart des habitués du château ne venaient plus. Toutefois, quelques fidèles revenaient quand-même, apportant des victuailles , des rires et des chansons, pour essayer de dérider les deux souverains ruinés. 
Parfois  ces quelques amis solides étaient si joyeux et si bon vivants que les échos de leurs fêtes dans les combles couvraient les sinistres éclats des réceptions dans les salons d’apparat réservées à la cour du seigneur Jaloux de tout ! 

Comme vous pouvez l’imaginer,  l’idée que le rayonnement de l’amitié qui régnait sous les comble l’emporte sur la folie des grandeurs des grands salons du château finit par irriter le seigneur Jaloux de tout. Et, un beau jour, ou plutôt un triste jour, le seigneur Jaloux de tout eut de nouveau envie de contempler son amulette. Tout en la caressant, il songea : «Je ne supporte plus du tout cette ridicule concurrence ! Comme j’aimerais que les Atout cœur disparaissent à tout jamais de ma vue ! » Il caressa son amulette qui se mit à scintiller de mille feux et il sut qu’il obtiendrait ce qu’il avait décidé.  Un soupir de soulagement siffla entre ses dents.
Le lendemain, sans bien comprendre pourquoi ni comment, le roi et la reine Atout cœur  se mirent brutalement à dépérir, le cœur tout atrophié. Leurs corps qui n’étaient plus irrigués de sang, devinrent diaphanes . Leurs amis essayèrent de les ranimer comme ils le pouvaient mais rien n’y fit. Inexorablement ils perdaient leurs forces et ils devinrent si légers qu’un seul courant d’air les faisaient vaciller sans qu’on puisse les retenir. Soudain une bourrasque se leva et les emporta d’un coup dans un tourbillon de feuilles loin, si loin de tous… qu’ils cessèrent d’exister 

Les amis du roi et de la reine Atout cœur se mirent à courir en tous sens pour essayer de retrouver leur trace… mais en vain ! 
C’est alors que, parcourant le fin fond des bois , ils rencontrèrent le fils du roi et de la reine qui apprenait à la petite Jal’ le langage des oiseaux. Tous deux riaient de bon cœur des imitations plus ou moins réussies de la fillette qui excellait en revanche à copier la frappe des piverts sur les écorces  en faisant claquer sa langue sur le côté d’une façon très particulière  : « tac, tac, tac, tac, oh les bons vermisseaux que voilà ! »  
Les amis interrompirent la leçon pour annoncer l’affreuse nouvelle. Jal’ qui était très attachée aux Atout cœur fondit en larmes et s’enfuit brusquement vers le château. 
Soudain très seul malgré les amis qui l’entouraient, le jeune homme blêmit et garda le silence. Il ne ressentait plus rien : ni joie, ni tristesse, ni colère, ni sérénité,  ni satisfaction, ni rancœur,  son cœur était mort. D’un seul coup il était devenu un homme vaillant que le sortilège n’avait pu atteindre sous le couvert des grands arbres. 

Sans un mot, le  hardi gaillard se redressa et se dirigea d’un pas ferme vers les écuries où il retrouva son cheval et l’enfourcha sous le regard admiratif de son cercle d’amis : «  Je vais partir à la recherche de mes parents, jusqu’à ma mort s’il le faut ! »

Son maître d’arme, un peu magicien, lui confia une lourde épée qui avait appartenu à l’un de ses glorieux ancêtres . Il lui présenta ensuite un bouclier un peu spécial : «  Voici  l’écu qui te représentera. Il est de gueules au cœur d’argent : son fond est rouge comme ta vaillance et, en son centre,  le grand cœur vide,  est blanc comme ta sagesse Il te protégera des dangers et des maléfices que tu pourras rencontrer durant ta quête. Sache l’utiliser à bon escient ! Tu as perdu ton cœur : n’en sois pas triste et utilise ta raison. Désormais tu es le Chevalier sans cœur et sans rancœur !»

Et notre nouveau chevalier prêta serment d’accomplir sa mission en respectant les valeurs de la chevalerie : loyauté,  générosité,  dévouement,  courage et  courtoisie. L’assemblée, très émue applaudit longuement.

Les acclamations résonnèrent si fort qu’elles parvinrent jusqu’aux oreilles du seigneur Jaloux de tout. Ses fidèles se firent un plaisir de lui rapporter l’adoubement du chevalier Sans cœur et sans rancœur et l’admiration qu’il suscitait auprès de tous.
« Cela ne passera pas ainsi ! » cria-t-il, fou de rage et d’envie. « Que croit-il donc ? Veut-il ternir mon image ? Il doit renier ses parents et mettre à mon service son épée et son écu ! » Il caressa son amulette qui se mit à scintiller de mille feux , persuadé d’obtenir ce qu’il avait décidé.
La petite Jal’, recroquevillée dans un coin, entendit ces terribles menaces et se mit à sangloter, émettant des petits piaillements pointus tels le chant de l’oiseau pleureur.
Alors que le chevalier Sans cœur et sans rancœur allait sortir du domaine, les gardes du seigneur Jaloux de tout se dressèrent sur son chemin, l’empêchant de passer en lui transmettant les ordres de leur maître et mille scintillements vinrent l‘aveugler. Il dressa son écu devant ses yeux et retrouva la vue. Sans énervement, sans tristesse ni colère, il répondit froidement : « Rien ne m’écartera de ma fidélité à mes parents et je continuerai loyalement ma mission. Que le seigneur Jaloux de tout ne s’inquiète point, je ne veux pas  attenter à ses jours ! » 
Et brandissant son écu au cœur d’argent, il éperonna son cheval qui s’élança  par dessus les gardes.

Pour commencer son périple, le chevalier Sans cœur et sans rancœur prit  la direction du vent qui avait emporté la frêle silhouette de ses parents. Il trottait doucement examinant un à un  chaque fourré, chaque amas de branchages ou de feuilles mortes.  Il inspecta les haies, les champs, les bords des rivières et la surface des lacs. Il fit même le tour de chaque grosse pierre. Mais peine perdue ! Malgré son grand calme et son regard perçant, il ne trouva aucune trace, aucun indice.
Il eut l’idée de chercher de l’aide auprès des oiseaux dont il connaissait si bien le langage. Peut-être ses parents auraient-ils pu trouver refuge dans l’un de leurs nids douillets ? Mais aucun volatile n’avait vu passer les deux silhouettes. Une corneille cependant lui crailla confidentiellement qu’en se posant sous le toit du vieux clocher de l’église voisine, elle avait perçu comme deux ombres qui auraient pu être ce qui restait de ses parents. Mais, « craaahhh », étant régulièrement chassée de l’édifice, elle n’avait pu  voler dans la nef et ne pouvait rien assurer. « Crah, crah, crah ! »
Qu’importait ! Le vaillant chevalier décida de se rendre dans l’église pour vérifier la seule piste qui se présentait à lui.

Le chevalier Sans cœur et sans rancœur  confia la garde de son cheval à un mendiant moyennant quelques pièces et entra dans l’église. L’endroit obscur semblait abandonné. Aucune bougie, aucun parfum d’encens, juste un courant d’air qui faisait tournoyer la poussière. Il frissonna . 
 « Quelle tristesse ! Cette église était si jolie  et si richement décorée ! Tant de personnes venaient s’y recueillir ! » 
Des pas furtifs se firent entendre derrière lui et il entendit la voix du curé : « Bienvenue dans la maison de Dieu ! Tu es le premier depuis bien longtemps à se risquer  en ce lieu en ruines ! Viens-tu te recueillir ?  »
- « Mon père qu’est-il donc arrivé à ces lieux si chaleureux autrefois ? »
- «  Un bien grand malheur ! Depuis que le seigneur Jaloux de tout a pris la place du roi et de la reine, des nuées de scintillements inexpliqués traversent régulièrement l’église de part en part, effrayant les paroissiens et altérant le bâtiment. Tu es bien courageux pour te risquer ici ! Que viens -tu chercher ? »
- « Je cherche justement la trace de mes parents ; il paraît que leur ombre a été vue ici »
Le curé soupira « Hélas, il ne reste d’eux que ces deux portraits dans la chapelle ouest... »

Les deux médaillons  de se parents étaient si poussiéreux et vieillis qu’ils s’émiettèrent dès que le chevalier les prit entre ses doigts. Il soupira sans plus d’émotion : « Ce n’est pas ici que je les trouverai » . Il remercia le curé et lui offrit une bourse pleine de pièces d’or pour réparer l’église. Aussitôt mille scintillements vinrent les aveugler. Le chevalier dressa son écu devant eux pour bloquer la nuée et épargner le bâtiment. Sans énervement, sans tristesse ni colère, il dit  froidement : « Encore un maléfice  du  seigneur Jaloux de tout  !  Mais  rien ne m’empêchera d’être généreux et je continuerai  sans faillir ma mission. !» . Le curé lui exprima toute sa reconnaissance et le bénit. Il sortit, reprit son cheval et regagna la route, pensif .

A peine avait-il fait quelques lieues, qu’il fut cerné par une horde de poules, courant en tous sens et caquetant à tout va. Malgré la cacophonie, le chevalier Sans cœur et sans rancœur arriva à percevoir des bribes de leurs conversations. « Cot, cot, cot ! c’est la liberté ! » « Cot, cot, cot ! Allons vite par ici ! » « Cot, cot, cot ! Mais non ! Allons par là ! »

« Que se passe-t-il ici ? » dit-il sans s’émouvoir. « Il n’est pas de coutume dans les villages de laisser courir ses poules sur la route... » Regardant au loin il vit une pauvre femme qui agitait ses bras en tous sens, essayant en vain de faire revenir ses poules dans leur enclos. Il fit avancer son destrier délicatement entre les volailles jusqu’à la paysanne. Il reconnut l’une des invitées du château pendant le règne de ses parents.
« Que vous arrive-t-il donc, brave femme ? » 
«  Encore cette malédiction aux mille étincelles ! Régulièrement elle parcourt la ferme et détruit tout sur son passage ! Et je suis seule avec deux bébés qui ne peuvent m’aider» Sans cœur mais sans rancœur, le chevalier ne répondit rien et descendit de son cheval. Il releva ses manches et se mit à réparer tout ce qu’il pouvait : l’enclos des poules, les portes des  granges et des étables, et même la margelle du puits. Alors qu’il finissait cette tâche, il vit comme le reflet d’une jeune femme au fond du puits mais, très sérieux, il raisonna : « L’ombre et la lumière font de curieux mélanges dans l’eau du puits ! »

Le chevalier resta très longtemps dans la ferme de la pauvre femme, jusqu’à ce que tout soit remis en fonctionnement. Plusieurs fois, il dut utiliser son écu pour repousser les nuées de scintillements jusqu’à ce qu’elles finissent par disparaître. Jamais on n’avait vu personne apporter un tel dévouement à sa tâche. Lorsqu’il eut fini, la fermière très émue le remercia infiniment : « Tu es digne de tes parents. Comme je te souhaite de les retrouver ! Va par là, où porte le vent ! Mais méfie-toi de cette contrée qui peut être très dangereuse ! »

Pas plus ému que cela, le chevalier Sans cœur et sans rancœur reprit sa monture et partit dans la direction indiquée. Le paysage se faisait de plus en plus aride, la route devenait chaotique et faisait des lacets entre les grosses pierres d’une montagne pelée. N’importe qui aurait senti son cœur se serrer et aurait été tenté de rebrousser chemin, maudissant le seigneur Jaloux de tout, cause de cette situation si dangereuse, mais notre chevalier garda son sang froid, se demandant simplement s’il retrouverait ici la trace du roi et de la reine Atout cœur.

Il était déjà bien engagé dans ces terres hostiles  quand il entendit de toutes parts  des sifflements rauques et des glapissements.

Des centaines de vautours tournoyaient, le menaçant de leurs ailes. « Sss ! sors  d’ici inconnu, tu n’es pas le bienvenu ! » « Sss ! si tu savais quel sort est réservé aux intrépides ! » Le chevalier sans cœur et sans rancœur leur répondit en leur langage : « Sss ! La peur m’est inconnue ! Je ne vous veux pas de mal, je cherche seulement la trace de mes parents emportés par le vent ! »
- « Sss ! sottise ! Personne ne passe ici sans sans mourir et se faire dévorer par nous ! »
Une nuée de scintillements entoura brusquement notre héros et affola son cheval . Le ravin n’était pas loin. Mais brandissant son écu , le chevalier reprit en main sa monture et resta sans plus d’émotion sur le chemin.
- « Ssss ! Quelle maîtrise mais sss ! Cela ne va pas durer ! » Et tous les vautours se ruèrent sur lui, cherchant à l’agripper. Le chevalier brandit à nouveau son écu et repoussa l’attaque. C’est alors qu’il vit en contournant la montagne la silhouette massive d’un vieux château tout noir. Il éperonna  son cheval qui s’élança entre les pierres dans sa direction. Le refuge contre ces maudits oiseaux n’était plus loin !

Le chevalier sans cœur et sans rancœur s’engouffra dans la cour du château puis dans les écuries dont les portes ouvertes semblaient l’attendre.  Il referma très vite les vantaux au grand dam des  vautours qui restèrent à glapir et siffler en rond dans la cour. « Ssss ! Te voilà piégé ! »
Tout autre que notre héros aurait senti son cœur chavirer, tant les lieux étaient noirs, froids et moisis. Mais il resta calme et attentif. Il descendit de sa monture et  décida d’explorer la bâtisse, écu en avant. Tout semblait terriblement vide et ses pas résonnaient sinistrement. Il tenta d’appeler ses parents au cas où … Mais aucune réponse ne lui parvint. Aucun son. Rien ?
Rien ? Pas tout à fait ! En prêtant bien l’oreille, il perçut comme un petit martèlement lointain :  tac, tac, tac, tac !  tac, tac, tac, tac ! « Voilà enfin un repère ! Mes parents sont si faibles qu’ils ne peuvent faire autrement pour m’appeler ! » N’écoutant que son courage, il s’élança dans l’escalier, gravissant les marches quatre à quatre vers le haut du donjon. 
Le martèlement devenait de plus en plus intense. tac, tac, tac, tac !  « Je me rapproche ! Chers parents, j’arrive ! »

L’escalier devenait de plus en plus raide et dangereux. Des marches de bois avaient remplacé les marches de pierre et grinçaient horriblement sous les pas du chevalier. Le martèlement devenait plus précis. « Ce bruit me rappelle le tambourinage  des piverts, je ne vais trouver qu’un oiseau en quête de nourriture sous la charpente  ! »  se dit le jeune homme . Mais il continua sa progression sans perdre courage. 
Arrivé tout en haut de l’escalier branlant, il vit une porte basse sous laquelle perçait une lueur : « Une pièce habitée ! ». Il poussa difficilement  l’huis qui s’ouvrit avec un grincement sinistre. Le martèlement avait cessé. A peine avait-il avancé un pied dans la souspente qu’une nuée de scintillements le cerna, l’aveuglant brutalement. Il eut le réflexe de brandir son écu et les lueurs disparurent mais il resta ébloui, ne distinguant plus rien.
Le  martèlement reprit. Tac, tac, tac, tac ! Et dans l’obscurité, il comprit qu’il s’agissait d’un message en langage pic vert ! « tac, tac, tac, tac ! Vient m’aider ! ». Retrouvant un peu la vue, il leva les yeux vers la charpente à la recherche d’un oiseau mais n’en vit aucun. Le  martèlement reprit, différent. Tac, tac, tac-tac-tac ! « tu ne regardes pas au bon endroit ! Je suis ici ! »

Le chevalier Sans cœur et sans rancœur baissa les yeux et découvrit une jeune fille assise sur un tabouret. S’approchant il  vit son extrême beauté et reconnut… le visage qui se reflétait dans le puits de la paysanne ! 
Il s’étonna. « Que faites-vous ici ? Êtes-vous seule ? Comment vous nourrissez-vous ?»  
« Oh, beau chevalier ! Si je suis seule ici, c’est que je l’ai choisi car j’ai voulu m’opposer à la dureté de mon père et j’ai du m’exiler ! Je préfère cette vie simple aux excès de ses ors ! Et je ne me sens pas seule : les oiseaux m’apportent tout ce dont j’ai besoin car… » Elle marqua un temps d’arrêt.  
« Quel est votre secret ? » 
Elle prit un air malicieux « … car je sais parler avec les oiseaux ! » 
« Ahh ! Vous aussi ! »
« Oui, c’est que j’ai eu un très bon maître lorsque j’étais enfant ! » Elle rit et fit  claquer sa langue sur le côté d’une façon très particulière  : « tac, tac, tac, tac, oh les bons vermisseaux que voilà ! »
Le chevalier Sans cœur et sans rancœur sursauta , ému pour la première fois depuis la disparition de ses parents. 

Il avait devant lui Jal'! La petite Jal' qui était devenue une jeune fille pendant son si long périple. Il se rappela tous les doux souvenirs et les rires partagés et se mit à sourire ... joyeusement! Ils tombèrent dans les bras l'un de l'autre. Ils se racontèrent tout ce qu’ils avaient vécu pendant ces longues années. La quête du chevalier à la recherche du roi et de la reine Atout cœur. La fureur du seigneur Jaloux de tout et son recours à l’amulette magique avec ses nuées de scintillements pour essayer d’atteindre le chevalier et dévaster le pays. Le désespoir de Jal’ et sa révolte. Ils en conclurent qu’ils devaient  faire cesser cette terrible malédiction en dérobant l’amulette.  Ils quittèrent vite le donjon , regagnèrent l’écurie. Notre héros fit monter Jal’ contre lui sur son cheval dans un geste plein de courtoisie et de tendresse et lança sa monture dans une folle cavalcade.

Ils arrivèrent rapidement au château occupé par le seigneur Jaloux de tout. La forêt, le parc, les allées étaient vides, couverts de neige. c’était en effet la nuit de Noël et toute la cour était occupée dans le grand salon  à festoyer richement.  Le chevalier sentit son cœur se serrer : quel accueil allaient-ils recevoir ? Son écu serait-il suffisant pour protéger Jal’ contre le courroux de son père ?

Lorsqu’ils entrèrent, tous les regards se portèrent vers eux et un grand silence se fit. Inquiets, les convives se retournèrent alors vers le Seigneur Jaloux de tout. A la stupéfaction de tous, il se leva  de table et courut vers sa fille « Jal’ chérie combien tu m’as manqué ! Je craignais tant t’avoir perdue à tout jamais ! Viens dans mes bras et je comblerai tous tes désirs, même les plus fous ! » « Mon père, je n’ai qu’un vœu ! Je veux retrouver le bonheur avec toi sans que personne n’ait à en souffrir ! Et pour cela, je souhaite que tu te débarrasses de ton amulette maudite ! » Le Seigneur Jaloux de tout blêmit un instant mais,devant le regard intransigeant de sa fille,  saisit son amulette et la jeta au feu. Une nuée d’étincelles multicolores s’envola dans la cheminée telle un feu d’artifice et toute la cour applaudit émerveillée : « Joyeux Noël !, joyeux Noël ! »

Jal’ embrassa son père avec une telle tendresse qu’il décida de ne plus jamais rien souhaiter d’autre que cette félicité. Il se tourna vers le chevalier Sans cœur et sans rancœur pour le remercier de lui avoir ramené sa fille : « Ta noblesse m’oblige ! Sache que tu es le bienvenu et que ces lieux doivent redevenir les tiens ! Joyeux Noël !, joyeux Noël ! » Le jeune homme eut un faible sourire.
Le soleil se levait et faisait fondre la neige des allées. Au loin la cloche de l’église restaurée se mit à carillonner : « Joyeux Noël !, joyeux Noël ! » Une colombe roucoula « roucou, roucoucou ! Jal’ et le chevalier eurent un sourire de connivence et traduisirent : « Le mauvais sort est enfin levé ! »

 « Joyeux Noël !, joyeux Noël ! » entendit-on au fond du salon . Les tentures s’animèrent soudain sous l’effet d’un courant d’air et deux silhouettes resplendissantes apparurent . Le cœur, oui le cœur du chevalier se remit à battre en reconnaissant ses parents ressuscités. « Je vous ai tant cherchés ! » « Mon fils, nous sommes fiers de toi. Nous étions avec toi mais si légers que tu ne pouvais nous voir ! Nous avons vu comment tu as su bravement affronter les difficultés en respectant toutes les valeurs de la chevalerie : tu as été loyal à notre égard, généreux avec le curé, dévoué avec la paysanne, courageux dans le sombre château et si courtois avec Jal’.  Le seigneur Jaloux de tout a raison : tu es maintenant un homme digne d’hériter de ce royaume ! Nous te laissons volontiers notre place. Joyeux Noël !, joyeux Noël ! »
Le chevalier abandonna son écu au cœur vide pour reprendre les armoiries  de ses parents puis, il se tourna vers Jal’ et, mettant un genou en terre lui demanda sa main.
Et, bien sûr…  ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants ! Mais surtout, ils firent agrandir le palais pour y loger en harmonie les parents Atout cœur, le père Jaloux de tout (qui ne l’était plus) et tous les innombrables invités !
Joyeux Noël !, joyeux Noël !

Mon cœur, mon cœur …

Mon cœur, mon cœur,
si fatigué ce soir d’hiver, 
si lourd de porter tant de souvenirs,
tu te sens si las et si inutile.

Mon cœur, mon cœur,
si seul dans cette heure amicale,
si dépouillé sans l’amour de ta vie,
tu te sens si perdu et si dérisoire.

Mon cœur, mon cœur,
si vide en cette fin d’année bien remplie,
si dépassé par les douleurs du monde,
tu te sens si indifférent aux aléas.

Mon cœur, mon cœur,
si faiblement palpitant en ces heures froides,
si mystérieusement survivant,
ne sens-tu pas comme un souffle ?

 Mon cœur, mon cœur,
si attentif  en ce soir de l’Avent,
si prêt à croire à une nouvelle naissance, 
ne sens-tu pas revenir le flux chaleureux de l’espoir ?

Mon cœur, mon cœur,
si  attendri en cette veille de Noël,
si bien réchauffé aux cantiques de la foi,
sens-tu comme tu es libre de renaître ?

Mon cœur, mon cœur,
si bien réveillé en ce jour de Noël,
si consolidé par l’espérance,
sens-toi heureux, exulte et chante à tue-tête : 

Noël ! Noël !

N.L.

Le tressage, réalisé sans collage, demande beaucoup de patience et de concentration. Après avoir prédécoupé deux morceaux de papiers de couleurs rouge et blanc en bandes il faut faire glisser une bande blanche sur deux à l’intérieur d’une bande rouge, et une bande rouge sur deux à l’intérieur d’une bande blanche.

Des formes plus sophistiquées peuvent être élaborées, selon la dextérité de leurs créateurs...

Si vous avez envie de vous lancer dans l'aventure, vous trouverez explications et gabarit sur le site : Tête à modeler . Vous pouvez aussi suivre le tutoriel :  SamoiseFrance

Né à Mulhouse en 1962, Thierry Mechler  est  organiste et professeur d’orgue et d’improvisation au conservatoire de Cologne. Après avoir appris l'orgue à 13 ans sur les claviers de son église paroissiale, il  étudie la musique à Mulhouse, puis Strasbourg et se perfectionne à Paris auprès de Jacques Taddei pour l’improvisation et avec Marie-Claire Alain pour l’interprétation. Le dimanche de l’Épiphanie ,3 janvier 2021, il exécute à l'orgue de la Basilique de Thierenbach  cette brillante 👂Improvisation Fantaisie grégorienne « Reges Tharsis »

Le Reges Tharsis, extrait du psaume 72, 10, appartenait au répertoire grégorien et était chanté lors de la célébration de la messe de l'Épiphanie :

Reges Tharsis et insulae munera offerunt (offerent), reges Arabum et Saba dona adducent. Les rois de Tharsis* et les îles lui offrent (offriront) des présents , les rois d’Arabie et de Saba apporteront des dons.                  *[Tharsis, évoque symboliquement des mers lointaines]

Omnes de Saba venient aurum et thus deferentes. Tous viendront de Saba, apportant or et encens.   

Remplaçant un orgue antérieur à 1887, François Didier posa en 1923 un orgue de 18 ou 19 jeux (selon les sources) sur 2 claviers et pédale. Complété et transformé en 1948 puis en 1964 par la maison Roethinger, comporte 33 jeux sur 3 manuels et pédale . Pour plus de détails : Orgue de Thierenbach

La cannelle, une délicieuse épice qui embaume les cuisines et les marchés de Noël en cette saison. Parfum de fête mais aussi remède à de multiples maux par ses innombrables vertus: anti-infectieuse, anti-inflammatoire, antioxydante, digestive, antifongique, antibactérienne, vermifuge, elle stimule le système nerveux, réduit le stress, régule le taux de glucides et de lipides et aide à perdre du poids !

Alors, pour se réconforter et se faire plaisir sans remord , voici une recette toute simple d'infusion. Recette valable avec la seule cannelle qui se suffit à elle-même, parfaite pour un régime, mais que l'on peut enrichir avec des épices pour pain d'épices, du miel, du gingembre…

Mais attention! Pas plus de trois tasses par jour sinon le foie n'apprécierait pas!

Ingrédients

50 cl. d'eau

1 bâton de cannelle ou 1 cuiller à café de poudre de cannelle

En option:

1 cuiller à café de miel

1 pincée d'épices pour pain d'épices

2 pincées de gingembre frais râpé

jus de 1/2 citron

Préparation

Faire bouillir l'eau

Laisser infuser la cannelle une dizaine de minutes

Filtrer (ou non), ajouter éventuellement miel, citron, épices à pain d'épices, ou gingembre râpé et consommer.

Note

Version expresse : Mettre dans un mug l'eau et la cannelle en poudre, chauffer 2 mn. et laisser infuser 10 mn.

Et voici les solutions !

2ème boule à neige de l'Avent 2023

Le roi de cœur !

Rébus de l'Avent N°1

Jeux - fer - raie - o - nœud - rat - Noé - l' - dent - mont - queue - raie - j' - esses - haie - raie - deux leus - Gard - dé - t' - houx - te - la - nez

Je ferai honneur à Noël dans mon cœur et j'essaierai de le garder toute l'année. Ch. Dickens 

(...) Une belle légende raconte qu’à la naissance de Jésus, les bergers accourraient à la grotte avec divers dons. Chacun apportait ce qu’il avait, celui-ci des fruits de son travail, celui-là quelque chose de précieux. Mais, tandis que tous se dépensaient avec générosité, il y avait un berger qui n’avait rien. Il était très pauvre, il n’avait rien à offrir. Tandis que tous rivalisaient pour présenter leurs dons, il se tenait de côté, tout honteux. A un certain moment, saint Joseph et la Vierge se trouvèrent en difficulté pour recevoir tous ces dons, surtout Marie, qui devait porter l’Enfant. Alors, en voyant ce berger avec les mains vides, elle lui demanda de s’approcher. Et elle lui mit dans les bras Jésus. Ce berger, en l’accueillant, se rendit compte d’avoir reçu ce qu’il ne méritait pas, d’avoir entre les bras le don le plus grand de l’histoire. Il regarda ses mains, ces mains qui lui paraissaient toujours vides : elles étaient devenues le berceau de Dieu. Il se sentit aimé et, en surmontant la honte, il commença à montrer Jésus aux autres, parce qu’il ne pouvait pas garder pour lui le don des dons.
Cher frère, chère sœur, si tes mains te semblent vides, si tu vois ton cœur pauvre d’amour, cette nuit est pour toi. La grâce de Dieu est apparue pour resplendir dans ta vie. Accueille-la et la lumière de Noël brillera en toi.

Pape François

Messe de la nuit de Noël 2019

En Argentine l'amaryllis fleurit à l'état sauvage à l'époque de Noël, donnant lieu à une jolie légende.

La nuit de Noël, à la naissance de Jésus, tous les anges se réunirent dans le ciel pour annoncer la bonne nouvelle aux bergers et à tous les habitants de la contrée. Ils chantaient et jouaient de la trompette pour être entendus le plus loin possible. Ils jubilaient et volaient en tous sens avec un tel enthousiasme que l'archange Gabriel laissa tomber sa trompette. En touchant le sol, celle-ci se métamorphosa  en une belle fleur en forme de trompette aux couleurs resplendissantes : l'amaryllis.
Et depuis, l’amaryllis fleurit  à Noël pour annoncer la naissance de Jésus. 

Pour répondre à vos suggestions : il ne s'agit pas d'un vitrail...

La fête de noël est un rite de passage. Cette réalité d’ordre anthropologique et universel explique le succès d’une fête qui dépasse les cadres religieux, chrétien, biblique et sort des sanctuaires.

Noël échappe au christianisme et c’est tant mieux.

Le passage est d’abord la traversée d’une nuit, celle du 24 au 25 décembre (d’où l’importance de la « messe de minuit ») ; c’est ensuite celui de l’obscurité à la lumière et aux jours qui rallongent (solstice) ; c’est encore la porte franchie pour passer d’une solennité religieuse à une fête profane (le 1er de l’an) ; c’est enfin et surtout l’étape d’une naissance.

La fête de la Nativité est devenue tout naturellement la fête de la famille et des enfants : de l’enfant Jésus et de l’étable ; des enfants et de leurs cadeaux ; mais peut-être surtout de l’enfant que nous avons été, enchanté par la féerie d’une célébration qui a marqué notre mémoire et suscité en nous tout un imaginaire.

Noël au cœur de notre cœur devient alors une sorte de mémorial intangible avec les bougies, le sapin, la crèche, les lectures bibliques toujours les mêmes, les chants d’autrefois un peu désuets et fidèlement repris.

C’est parce que Noël nous conduit principalement de l’adulte que nous sommes à l’enfant que nous fûmes, que Noël est une sorte de rite de passage à l’envers.

C’est la raison pour laquelle nous tenons, fût-ce de manière un peu passéiste, à ce qu’on ne nous change pas nos Noëls.

Ce rite de passage trouve son accomplissement dans le Père Noël, image des générations successives.

Il n’a certes rien de biblique, pas plus que l’âne et le bœuf de la crèche.

Tant pis pour les puristes !

Les évangiles de Noël ne sont-ils pas, eux aussi, des récits pleins d’inventions, merveilleux et symboliques ? 

Laurent GAGNEBIN
Evangile & Liberté N° 194 décembre 2005
 

Il y a très longtemps, dans un village perdu au creux d’une vallée, vivait un homme si méchant et si dur que les enfants du village l’avaient surnommé « Cœur de pierre ». Sa maison était la dernière du village et ses volets étaient toujours clos. Quand l’hiver arrivait, il passait ses journées à compter l’argent que ses récoltes lui avaient rapporté. Seule une bougie éclairait ses pièces d’or ; le reste de la maison était plongé dans l’obscurité. Tout le monde fuyait «Cœur de pierre ». Les oiseaux ne chantaient jamais au-dessus de sa maison. Même la neige semblait hésiter à déposer ses blancs flocons.

La veille de Noël arriva. Au village, toutes les rues étaient illuminées. Le soir, malgré la neige et le froid, les enfants voulurent aider leurs parents à décorer le grand sapin qui trônait sur la place. Ils attendaient avec impatience le moment où ils verraient l’étoile scintiller au sommet de l’arbre. Soudain, l’étoile fut là, belle et lumineuse. « Oh ! dirent les enfants, que c’est beau ! » Les façades des maisons se mirent à briller. Les cinq branches de l’étoile s’étiraient pour rayonner davantage encore, tant et tant que leurs rayons se faufilèrent entre les volets de la maison de « Cœur de pierre». Ébloui, il hurla : « Mais que se passe-t-il donc ? » La lumière éclairait ses murs gris. « Mon Dieu, que ma maison est triste ! », se dit-il.

« Cœur de pierre » s’aperçut alors que personne n’y venait jamais et que son argent ne lui servait à rien. Il se mit à pleurer. Cela ne lui était jamais arrivé. A ce moment-là, il entendit des pas dehors. Guidés par l’étoile, les enfants venaient le voir, un peu inquiets. Lorsqu’ils poussèrent la porte de sa maison, ils découvrirent des larmes dans les yeux de celui qu’ils appelaient « Cœur de pierre ». L’homme avait levé la tête. Il lui semblait que c’était la première fois qu’il voyait ces enfants. Il les invita à entrer. Alors, l’étoile se retira doucement pour aller éclairer d’autres maisons tristes. Mais l’homme garda en lui cette lumière.

Le lendemain matin, tous les gens du village trouvèrent une pièce d’or devant leur porte. Et quand l’homme revint chez lui, il entendit les oiseaux qui chantaient pour lui au-dessus de sa maison.

(Anonyme)

J’ai ancré l’espérance
Aux racines de la vie

Face aux ténèbres
J’ai dressé des clartés
Planté des flambeaux
A la lisière des nuits

Des clartés qui persistent
Des flambeaux qui se glissent
Entre ombres et barbaries

Des clartés qui renaissent
Des flambeaux qui se dressent
Sans jamais dépérir

J’enracine l’espérance
Dans le terreau du cœur
J’adopte toute l’espérance
En son esprit frondeur.

Andrée CHEDID

Sur tout ce qui est né au monde de Noël à Noël

sur les enfants espérés et sur tous ceux que l’on refuse,

que l’on ne sait nourrir ni recueillir,

nous appelons l’Esprit de la Nativité :

Il est présence d’amour !

 
Sur tout ce qui est mort au monde de Noël à Noël,

sur nos aimés défunts et sur les endeuillés,

sur les blessés du corps et de cœur et du courage de vivre,

nous appelons l’Esprit de nativité : Il est source de paix.

Sur tout ce qui est venu à la foi de Noël à Noël,

sur les baptisés et les catéchumènes,

sur ceux aussi qui sont en quête d’une vérité à suivre,

nous appelons l’Esprit de la Nativité : Il est le chemin de vie !

 
Sur nous- mêmes et sur tous les visages qui éclairent de Noël à Noël,

notre chemin de chaque jour,

sur nos tendresses, nos amitiés, nos collaborations, nos solidarités,

sur nos années et nos œuvres qui passent comme une fleur dans les champs

mais que le Christ recueille en gerbe d’éternité,

nous appelons l’Esprit de la Nativité : Il ravive en nous l’amour, la foi

et l’espérance qui nous aimantent au Royaume

sur les traces de l’enfant né, une nuit à Bethléem…

Ion KARAKASH

Vie et Liturgie N° 60   Septembre 2004

Ding Dong Merrily on High est un chant de Noël mais l'air apparait pour la première fois sous forme d'un air de danse profane sous le titre de Branle de l'Official dans un livre de danse écrit par le clerc, compositeur et écrivain français Jehan Tabourot (1519-1593).

Les paroles sont du compositeur anglais George Ratcliffe Woodward (1848–1934), et le chant est publié pour la première fois en 1924 dans son The Cambridge Carol-Book: Being Fifty-two Songs for Christmas, Easter, And Other Seasons.   Très attiré par la poésie archaïque, Woodward adopte le style "macaronique" (langue inventée au xve siècle en Italie, pour écrire des poèmes burlesques) , de sorte que le texte a des allures un peu étranges... très difficile à traduire.

Plus récemment, Sir David Willcocks en a fait un arrangement pour le deuxième livre de Carols for Choirs et, en 2006, le groupe folk rock Blackmore's Night adapte la chanson sur son album de chants de Noël Winter Carols.

Nous vous proposons d'écouter trois interprétations très différentes de ce chant de Noël très tonique :

Ding Dong Merrily On High Performed by The Mercer Singers

The King's Singers: Ding! Dong! Merrily on high

Blackmore's Night - Ding Dong Merrily On High

Charles Dickens

Vous ne trouvez pas ce que contient notre première 1ère boule à neige de l'Avent 2023?
Grâce à vos commentaires, nous savons que ce n'est pas végétal, que cela ne se mange pas et qu'il ne s'agit pas non plus de lutins...
Maintenant que la neige est un peu retombée, trouverez-vous la solution ?

500g de farine .

300g de vergeoise brune .

250g de beurre .

1 œuf .

4 cuiller à soupe de lait .

1 cuiller à café de levure chimique .

mélange d’épices: 1 cuiller à soupe de cannelle, ½ cuillère à café de gingembre, ½ cac de noix de muscade, ½ cac de clous de girofle en poudre, ¼ cac de cardamome, ¼ cac de poivre blanc ¼ cac d’anis en poudre

¼ cuiller à café de sel.

Mélanger la vergeoise et les épices.

Ajouter le beurre et le lait, puis la farine et la levure.

Malaxer sans trop travailler la pâte.

Laisser reposer 1h au frais.

Préchauffer le four à 190 degrés.

Couper la pâte en 4 pâtons et former 4 longs rouleaux d’1cm d’épaisseur.

Diviser en section d’1cm et former de petites boules.

Les disposer sur une plaque recouverte de papier sulfurisé.

Enfourner pour 15 minutes jusqu’à obtention d’une teinte brune.

Laisser refroidir.

Au Pays Bas, si Noël reste une fête religieuse, sobre et sans cadeaux, la Saint Nicolas, "Sinterklass", est une tradition à laquelle les Néerlandais sont très attachés.  C’est une fête très ancienne, très riche en couleurs, à laquelle toutes les générations participent activement.  Les festivités durent trois semaines, de la mi-novembre au 6 décembre, occasion d'animations variées et de petits cadeaux.

Le 5 décembre est le moment le plus important. C'est le "pakjesavond" (soir des petits paquets) où les cadeaux sont remis, mais il peut y avoir des petits cadeaux avant et des animations ont lieu tout au long de cette période.

Mi-novembre, Sinterklaas arrive, aidé de ses assistants noirs de la suie des cheminées, les "zwarte Pieten" (Pierre le Noir), sur un bateau en provenance d’Espagne. Son arrivée officielle dans un port est même retransmise à la télévision.

Il arrive aussi dans tous les villages des Pays-Bas, pourvus d'un canal ou d'une mare aux canards . Il suffit d’une barque, sur laquelle est écrit « Spanje » (Espagne).
 

Sinterklaas est accueilli solennellement par le maire de la ville ( dans toutes les villes, y compris Amsterdam).  Il part alors, monté sur son cheval blanc Amerigo et, pendant trois semaines, rend visite aux enfants dans les écoles, hôpitaux, clubs de sport...

À Amsterdam, il réside officiellement pendant cette période dans le musée de la marine, au nord de la ville.  Sinterklaas communique avec tous par le truchement de son blog et, tous les soirs , la télévision diffuse un "Sinterklaasjournaal" .

Selon les familles, tous les soirs ou bien une fois de temps en temps, les enfants peuvent mettre leurs chaussures près de la cheminée avec, dedans, une carotte pour le cheval Amerigo et un dessin pour Sinterklaas. Ils trouveront le lendemain matin en échange des friandises ou un petit cadeau.

Le 5 décembre, en début de soirée, c’est le "pakjesavond ": un grand coup est frappé à

la porte, et quand on ouvre, un grand sac empli de cadeaux a été placé sur le seuil sans que personne n'ait  jamais réussi à voir Sinterklaas ni Zwarte Piet le déposer.
Le 6 décembre, la fête est finie et Sinterklaas accompagné de ses « zwarte Pieten » repartent pour l’Espagne. 

Pendant cette période, petits et grands pratiquent la tradition des "surprises". Ce sont des cadeaux très originaux destinés aux parents et amis en tenant compte des goûts qu'ils ont exprimés. Ils sont accompagnés d'un poème rimé présentant la personne et le cadeau. 
 

Le poème  représente à lui seul un véritable défi. Le bénéficiaire, quant à lui, doit lire à voix haute le poème, qui ne manque pas de déclencher l'hilarité générale.
Cet art est si poussé que des sites internet proposent même des aides à la composition des poèmes. Les "surprises" peuvent être très originales et demander beaucoup de travail durant plusieurs mois. À l'approche du 5 décembre, tout le monde se met à chercher des rimes aux Pays-Bas: dans la presse, à l'école, au travail et même au Parlement. 

Des friandises typiques sont confectionnées pour l’occasion , lancées depuis des grands sacs par Zwarte Piet :  "speculaas" (sablés épicés), "kruidnoten" (macarons épicés), pepernoten (nonnettes) et  « chocoladeletters » (lettres en chocolat) aux initiales de l’enfant (ou  S pour Sinterklaas et  P pour Zwarte-Piet).

En 2013 une polémique s’est développée à propos d’un aspect raciste de Zwarte-Piet mais les Néerlandais, ne voulant pas renoncer à la plus belle de leurs traditions, ont ajoutés aux Piet noirs en 2014 des Piet multicolores pour avoir traversé l’arc en ciel.